La mer ouvre,
Ouvre la terre sur le ciel, ouvre l'espace et le nôtre. Elle nous ouvre sur le monde, élargissant notre horizon, autant qu'elle le borde.
La mer porte,
Allant et venant, elle nous emporte ailleurs, nous apporte l'autre, les autres, nous transporte l'âme, nous chavire. Elle porte le monde sur ses flots, et, nous l'offrant, elle nous y accueille, autant qu'elle nous en console, nous en enveloppe et nous berce.
La mer respire,
Nous aspire, nous inspire, elle est notre air, l'air dont nous avons besoin pour vivre. Les navigateurs ne disent-ils pas qu'ils touchent de l'air, quand le vent se lève enfin pour les emporter dans leur course ? Comme on touche le gros lot.
La mer donne, nous donne sans compter, elle nous nourrit, nous comble l'esprit,
Nous vivifie autant qu'elle nous apaise, nous déleste de nos peines, nous délivre de nos fatigues, nous répare, nous fortifie. N'est-elle pas notre vie ?
Or......
Si nous fermons la mer,
Si nous la soumettons aux dictats de nos caprices, si nous l'entravons de nos chimères inconséquentes, de nos inconstantes lubies,
Si nous enfermons la mer,
L'encageons dans nos sacs, nos boites, caisses, caissons, si nous l'emprisonnons dans les geôles de nos aliénations, si nous l'enchaînons à nos désirs de forcenés,
Si nous étouffons la mer,
Si nous l'asphyxions de notre âpre avidité, de nos boulimies gloutonnes. Si nous empoisonnons la mer, si nous l'infestons, la souillons, de nos envies saumâtres,
Si nous dévastons la mer, la pillons, la vandalisons de nos convoitises cupides, si nous saccageons la mer, si nous la détruisons,
Si nous tuons la mer
Si nous l'assassinons, la massacrons, si nous exterminons la mer
Qu'adviendra-t-il du petit peuple ?