Compagne de l’intime,
Qui protège et cache le centre vital de l’Homme
Là où se tiennent le cœur, les poumons, le ventre et l’estomac.
Que l’usure atteint au cou, aux poignets, endroits de tendresse, de vulnérabilité, là justement où déjà l’armure avait ses faiblesses.
Que la transpiration tâche, imprègne, marque au saumâtre de son ADN, nuit et jour, et depuis les langes jusqu’au suaire.
Paradoxe que cette chemise,
Qui accompagne le corps dans tous ses mouvements, au travail, ou à la danse, et le fige tout autant, dans une fonction, un métier, une position, un genre, un sexe.
Qui se salit comme un linge de corps et s’exhibe comme une marque sociale. Le blanc de la toile pour couleur de peau, et le maintien du col pour le rang qu’on se donne.
Et qui mesure un homme tout entier par son tour de col.
Etrange objet, régi par des lois obscures,
Qu’y a-t-il de plus codé qu’une chemise ?
Classique, droite, cintrée, ajustée… En toile de coton, popeline, tulle, lin, soie, polyester… Blanche, bleue, pâle, grise, noire, et les autres couleurs… A rayures, carreaux, fleurs, écossais… Col américain, anglais, italien, classique, cassé, poignets simples, mousquetaire, boutonnage sous patte…